errance [animation]

ce qu'il y a entre et le pourquoi du comment c'est par là

Il travaillait depuis son enfance dans cette famille, la famille Tyr. Une des plus puissante de la Haute Noblesse, si ce n'est la plus puissante. Ses parents travaillaient pour eux, ses grands-parents... Il n'avait personnellement pas toujours des sales boulots comme celui-ci. Vraiment sale. Non, une fois aussi, il avait enterré la demoiselle que la Dame avait tuée dans sa folie amoureuse. Bah manque de chance, la seconde finissais aussi en boudin. Mais pas de sa main c'te fois. Elle lui faisait de la peine la petite Daidera. Dire qu'elle était une enfant si charmante. Il ne pourrait pas la regarder en face, il demanderait à Madame de l'affecter à la demeure secondaire.

Il entra dans le bois. Il descendit de son cheval et posa délicatement le sac de toile, respectueusement. Il prit sa pelle et commença à creuser. Rapidement, violement. Il ne devait pas perdre de temps. La terre volait, il en avait partout et commençait à être fourbu. Le trou par contre augmentait vite dans la terre meuble. Il avait de la chance qu'elle ne soit pas sèche et dure mais légèrement humide sans être détrempée. Ce ne serait pas le luxe mais elle aura une sépulture la petite. Une meilleure que si elle étai morte dans la rue, ramassée par la voirie au mieux et jetée dans la fausse commune de la vermine. Il sortit, posa la pelle et s'approcha du sac.

La chevelure bougeait.

Elle ne pouvait pas... Il déroula le sac. Nerveux soudainement. Non elle devait être morte, il ne voulais pas achever la mourante. Il défi fébrilement la toile. Elle était toujours inerte, les yeux ouvert, du sang partout. Il frotta ses cheveux, saleté de bestiole encore. Il avait eu de ces palpitation. Il détourna les yeux. Il n'aimait pas les yeux d'un mort, ça vous juge. Il passa une main sur ses yeux alors et la tira délicatement par les épaules et la fit basculer dans la fosse. Il se tint silencieux un moment.

Pauvre petite, un ange.

Il prit une poignée de terre.

J'sais pas si t'as un Dieu ou plusieurs même.

Tout c'que j'te souhaite c'est bonne route quoi.

T'as pas eu d'chance.

Amen comme dirait certain, t'es la deuxième gonzesse que j'enterre dans le même bois.

Il acheva de remplir le trou. Tassa la terre et remis des feuille par dessus et branche, elle était au pied d'un bel arbre. Elle serait heureuse là. Il se surprit à verser une larme sur sa grosse joue. Il se faisait vieux. Il devenait sensible. Pauvre gamine quand même. Pauvre gamine.

C'est vraiment bête d'mourir si jeune.

Il reprit la pelle et alla se nettoyer les mains. Il prit son cheval et l'enfourcha, il rentra au pas en ville.

Saleté de vie quand même, lui le vieux restait et il entrerait des jeunettes. Saleté de vie. Il soupira fataliste, c'est ça, la loi du plus fort comme toujours.

Elle n'avait pas eu une vie belle, elle n'avait pas été sage, elle avait volé frappé et tué. Mais elle était pleine de vie, elle aimait, elle aurait voulu... vivre un peu encore.

Encore un tout petite peu...

Rien qu'un tout petit peu...

Pauvre gamine.

Je t'ai délivrée de ton démon. Maintenant tu vas pouvoir retrouver la liberté.

Qu'est-ce que vous racontez mère...

Elle retira la main de sa joue, surprise.

Qu’est-ce que vous m'avez donné...

Elle était étonnement résistante à la drogue. Elle l'avait sous-estimée. Elle avait continué son chemin vers la maîtrise de ses pouvoirs. Elle sourit doucement et s'assit près du lit. Un instant elle avait retrouvé sa petite fille, l'instant s'était brisé sur le regard dur néanmoins encore vitreux. Elle tenta de se lever. Retomba mollement sur le lit. Ne pouvant pas chasser la main qui caressait sa joue.

Qu'avez-vous fait ?

Rien de bien extraordinaire.

Elle se leva et se dirigea vers la porte. Se tourna un instant, le ton mielleux.

Elle ne viendra plus jamais te hanter et te détourner de ton chemin. J'ai fait le nécessaire. Remercie-moi.

Elle ferma la porte. Le noir revint, seul une petite bougie éclairait faiblement la pièce. Elle s'assit avec difficulté. Elle se frotta les tempes, se leva finalement, ses habits étaient là. Ils avaient osé lui mettre une chemise de nuit. Elle ôta l'habit de fine soie et enfila son pantalon. Elle sentait le sang battre dans ses tempes. La drogue était encore efficace mais elle s'en souciait bien peu, mue par une force aude-là de sa conscience. Elle enfila une tunique sa ceinture. Ses bottes et alla dans sa chambre. Elle y trouva ses armes et ouvrit un petit tiroir elle en sortit un ruban rouge qu'elle noua soigneusement à son poignet.

je l'ai volé pour toi ! En gage de mon honnêteté tant que tu t’occuperas de moi, je n'aurais pas besoin de voler. Je me contenterai de dérober ton coeur

Elle l'avait accepté ce ruban, une promesse tacite. Elle renonçait à sa vocation du vol pour elle car elle savait que cela la peinait. Le plus beau cadeau qu'elle aurait pu imaginer. Elle s'assit sur son lit. Elle ne savait pas, elle ne savait pas qu'ici, à peine quelques heures plus tôt s'était déroulé un drame. Elle enfila ses gants, et se concentra. Elle plongea dans le monde des Auras, elle eu un peu de peine, l'esprit encore embrumé par la drogue. Elle soupira. Se concentra. Elle ne trouva rien. Rien pas même un faible écho. Une chape de panique s'abattit sur ses épaules. Non. Elle sortit en courant, ce qu'elle sentait dans cette maison n'était que des traces anciennes. Elle était venue. Elle appela son cheval, le familier fut la en quelque seconde. Morte d'inquiétude, elle souffla dans la nuque de sa Maîtresse avant de partir au galop, d'entrer au galop dans l'Académie. Qu’importaient les cris outré, qu'importait le désordre. Elles prirent les larges escaliers. Montèrent, montèrent. Elle descendit de cheval "attends-moi là." Elle se hissa sur les tours, la plus haute de l'Académie, le point le plus haut de cette ville. Elle étendit son énergie, laissa ses sens la guider. Elle ne trouva rien. Alors qu'avant où qu'elle soit elle savait où elle était.
Un lien si fort, un lien si pur...

brisé...

il ...

était ...

brisé ...

Alors dans toute la ville chaque habitant entendit un bruit terrible. Un éclair d'une violence inouïe traversa le ciel prenant naissance au sommet de l'Académie. Une déferlante d'énergie s'abattit sur la ville, une vague. Ceux qui connaissaient la magie purent sentir l'Aura de terreur, l'Aura de douleur, l'Aura qui les pénétra, les fouilla. Les autres sentir un profond malaise. Elle tendit le cou, les bras, les bras pour s'envoler. Le monde était vide de sa présence. Où était-elle. Elle redescendit, dans un état second. Sauta sur son cheval et refit le chemin en sens inverse, déferla les escaliers. Toute l'Académie était en transe. Ils la regardèrent passer. Il se passait quelque chose.

Dans la rue elle fondit dans les rues aux hasards.

On va part là un instant (à lire avant de continuer ce post)

Elle entra à l'Académie. Les pauvres gardes la revirent passer avec son cheval. Ils étaient sensé garder la porte mais ils avaient des enfants. Elle monta dans le secteur des clercs. L'assemblée s'était achevée, Elanor faisait les derniers préparatifs. Quand elle arriva dans le bureau elle lui sourit doucement. Elle la prit par le bras.

Viens mon amie... assied toi. J'ai compris. Le Sceau aura fonctionné.

Vous... en êtes sûre.

Je ne sais pas, il faudrait faire vite. Je n'ai encore jamais testé son action sur un humain tu sais. Sur des animaux. Certains ne se sont jamais réveillés.

Je sais, mais c'était une chance de plus en cas de danger mortels. C'était notre marché. J'ai rempli ma part sans échouer.

Allons-y, je t'attendais. Je sens l'énergie du Sceau palpiter.

Elanor pria alors la Déesse, le Sceau dégageait une drôle d'émanation, anormale. Elanor eu peur alors. Elle savait que si elle avait échoué dans leur marché elle le payerait de sa vie. D'un coup d'épée ou d'une flèche. L'énergie palpitait dans le corps qui se tenait devant elle. Sans un mot elle se leva la saisit par le bras et la hissa sur son cheval sans ménagement. Elle savait d'avance qu'elle avait échoué et elle avait peur pour sa vie.

Elanor ne savait pas qu'un cheval pouvait aller si vite. Guidée par l'énergie du Sceau elle montra le chemin à la Maîtresse Chasseresse. Lorsqu’elles arrivèrent Elanor se laissa tomber de cheval et tituba de quelques pas pour vider son estomac de son dernier repas. Fichu cheval. Elle fit un signe vague à la Maître Chasseresse et acheva de répandre son repas. Cette dernière inspecta rapidement le lieu et trouva rapidement l'endroit où la terre avait été fraîchement entourée. Elle posa une main à sa bouche... Ils l'avaient enterré. Mon dieu même si le Sceau fonctionnait elle n'allait pas survivre la dessous. Elle voulait encore y croire. Elle modela la magie et d'une sorte de pelle d'énergie elle commença à creuser. Creuser. Frénétiquement. Elanor qui allait un peu mieux s'approcha mais se tint à distance. Cette furie allait l'éborgner avec sa pelle. Finalement elle tomba sur un pied. C'était bien sa botte. Elanor sauta et s'interposa.

Laissez-moi faire maintenant.

Elles dégagèrent précautionneusement le corps. Elanor dégagea la terre de la bouche et de ses oreilles. L'affaire se présentait très mal. Elle influa doucement son énergie au corps, elle entra en contacte, l'énergie s'étiola et devint brume. Il n'y avait aucune vitalité à réparer, aucun souffle à soutenir. Elle se releva et jeta à Daidera un regard navré.

Elle n'est ni vivante, ni morte. Le Sceau a agi mais n'a pas suffit à la protéger de ça. Il maintient juste son corps, le protégeant de la décomposition. Je ne sais pas combien de temps il le fera.

Je suis désolée. Ma magie ne peut rien s'il n'y a aucun souffle de vie à aider.

Elle recula un peu, craignant la réaction.

Partez. Vous seriez gentille de prévenir mon assistante de mon absence. Elle saura quoi faire elle a déjà des directives en cas d'absence d'urgence.

Elle lui tourna le dos et avança une main hésitante vers le visage, elle effleura sa joue. Elle était si froide. Elanor recula et sortit du trou. Elle passerait part le bureau des Chasseur qui est à l'orée de la forêt, puis elle partirait elle aussi. Elle remercia la Déesse et émit une prière pour sa consœur. Puisse-t-elle retrouver la paix. Elle snoba la jument et s'en alla à pied, la démarche assurée.

Ombrana...

Sa main légère s'arrêta sur ses lèvres, son cou. Ni morte, ni vivante. Elle la serra convulsivement dans ses bras, emmêlant ses doigts dans sa chevelure pleine de terre et de gravier, embrassant son front. La tenant contre son coeur. Un cri muet ne pouvant franchir ses lèvres. Dans ses bras le corps, légèrement rigide et froid bougeait mollement, sa tête roulait sur ses épaules. Elle resta là de longues minutes à souffler son nom à son oreille. Une supplique récurrente et vaine. Elle sortit finalement le corps de son trou. Les larmes coulaient seule sur ses joues. Cela faisait longtemps qu'elle ne se sentie si faible, faible et impuissante. Elle épousseta rapidement ses vêtements. Elle souffla un ordre muet à son cheval qui partit au galop. Elle avait de la chance d'avoir un familier si fidèle et dévouée.

Elle nettoya des cheveux soigneusement, installant sa tête sur ses genoux et démêlant sa crinière avec des doigts.

Tu es confortable comme cela ? Je te nettoie les cheveux, ils y ont mis plein de terre.

Elle prit du temps. Elle sortit une couverture et la posa près d'elle.

J'ai demandé à ce qu'elle ait me chercher un cadeau. Je suis sûre qu'il te plaira. Tu te rappelle ma surprise quand tu t'es parée de cette robe si jolie ?

Elle continua à lui parler doucement et de démêler ses cheveux. Elle ne se tourna pas quand sa jument arriva. Elle déposa un sac devant elle qu'elle avait tenu entre ses dents.

Tu as tout pris ?

Oui...

Le cheval recula et alla brouter un peu à l'écart, lui laissant l'intimité dont elle avait besoin dans la quitter des yeux. Doucement, elle enleva ses bottes, son pantalon et le reste de ses habits. Elle les déposa en petit tas plus loin. Sa tunique était largement déchiré au ventre et imbibée de sang. Elle alla chercher sa gourde dans la sacoche qui pendait au flanc de sa jument. Avec un chiffon elle nettoya les traces de sang sur son corps. La clerc avait refermé soigneusement la plaie. Elle regarda l’ombre qui traversait son abdomen, c’est d’ici que la vie s’était écoulée, c’est d’ici que la mort était entrée. Elle l'inspecta soigneusement. Elle était propre maintenant. Elle prit la couverture la secoua et l'étendit. Elle plaça soigneusement le corps dessus. Elle sortit du sac son fameux cadeau et extirpa une robe.

Elle est belle... elle te plait ? Je l'ai choisie en t'imaginant avec, tu aurais eu l'allure d'une princesse.

Avec quelque difficulté elle l'habilla de la robe. Elle lui allait si bien. Elle s'agenouilla à ses côtés.

Tu es magnifique. Tu es une princesse. Une belle princesse endormie.

Elle se pencha et déposa un baiser sur ses lèvres. Un de ses larmes vint rouler sur la joue d'Ombrana. Elle serra les poings sur ses genoux.

Mais ce ne sera pas comme dans un compte de fée. Tu ne te réveilleras pas. Tu es morte, pas tout à fait c'est vrai. Mais le résultat est similaire conviens-en. J'espère que tu es bien. Tu sais, tu as l'air calme. Mais pas heureuse, tu n'as pas une ombre de sourire aux lèvres. J'aurais aimé ce sourire, que je puisse me dire que tu es heureuse à travers la mort.

Elle caressa ses cheveux...

Tu.. Tu me disais qu'on aurait toute la vie... pourquoi m'as-tu mentis ? Pourquoi m'as-tu laissée... pourquoi ?

Son poings frappa le sol, le visage de la morte de cilla pas. Elle resta un instant contre elle, abandonnée, sa main dans la sienne, pleurant l'injustice. Après un long moment elle sécha ses yeux et souleva le corps. Elle fit un signe de tête à sa jument et marcha. Elle traversa la forêt et sortit sur la plaine. Ses yeux fixaient l'horizon. Elle déposa Ombrana sur la selle puis monta à son tour. Elle veilla à ce qu'elle soit bien puis elle se tourna une dernière fois vers la ville. Sons assistante saurait se débrouiller et puis cela n'avait plus aucune importance.

Elle lança son cheval au galop. Les cheveux d'Ombrana chatouillaient sa nuque. Elle se souvenait qu'elle aimait la vitesse, elle riait quand elle l'emmenait dans un galop fou. Aujourd'hui elle ne riait pas. Elle ne rirait plus.

Elle voulait lui donner une sépulture digne d'une reine.

Lena marchait doucement à pas mesuré dans la plaine. Le Familier releva la tête un peu pour observer sa Maîtresse et lui demander où aller. Elle n'obtiendrait aucune réponse, elle serrait le corps contre elle. La protégeant du vent et du froid, ne cessant de murmurer doucement à son oreille. Elle semblait sourire, ses yeux ne pleuraient plus. Son regard était sois perdu dans le vide, soit en contemplation sur le visage serein contre elle. Elle caressait la chevelure, pensive. Un instant elle se tint silencieuse. Lena soupira, elle continua d'avancer droit devant elle, ne sachant pas où elles arriveraient. Et elle souffrait elle aussi. Elle aimait la petite humaine aux cheveux de feu et surtout ne faisait qu'une avec sa Maîtresse. Le cheval évita un arbuste et regagna sa longue route. Peu de monde si ce n'est personne ne connaissait sont vrai statut de familier. Tous la prenaient pour un cheval de qualité exceptionnelle mais il n'y avait rien de plus.

Je rêvais... comme les petites filles de magie et de princesse, de combat et de prince. Mais moi, je préférais être le prince. C'est drôle tu vois, je ne me suis jamais vraiment reconnue dans la féminité. Et les princesses endormies me semblaient si ennuyante. Et maintenant je rêve d'être ce prince, ce prince qui viendra sur son destrier blanc et qui te sauvera d'un baiser, un baiser de l'amour vrai.

Mon amour est-il faux où suis-je un prince de pacotille... où alors c'est ce monde qui n'est pas celui des contes d'enfant...

Tu te souviens de notre première rencontre, de notre premier baiser ? Chacun des moments que nous avons passé ensemble n'a pas pu être anodin ou ordinaire.

Tu as rempli ma vie de sens et de mouvements...

Maîtresse...

C'est cela du mouvement, de la fluidité...

MAÎTRESSE !

Le cheval renâcla et s'arrêta, regardant nerveusement autour d'elle. Des démons mineurs, peu inquiétant mais trop nombreux pour qu'elle s'en sorte sans l'aide de sa Maîtresse. Cette dernière se contenta de serrer plus fort Ombrana contre elle, elle leva les yeux au ciel et émis une longue prière. Un sourire à travers les larmes.

Alors que la horde était sur elles, des éclairs fendirent l'air. Réduisant quelques démons en cendre. Les éclairs fondirent encore, lacérant le ciel et la chair. Bientôt il n'y eu plus qu'un tas noirâtre de corps carbonisé. Lena sauta par dessus les cadavres et leva les yeux au ciel. Là haut une forme blanche planait. Surprise le cheval tenta de voir mieux. Un dragon ? Pourquoi un dragon les avait-il sauvées ? Elle se remit en route précautionneusement. Elle continua d'avancer, scrutant le ciel de temps à autre, mais il restait vide.

Lorsque la nuit fut tombée et noir, Lena s'arrêta. Elle soupira et regarda sa Maîtresse.

Il est temps de s'arrêter, je suis fatiguée, elle doit l'être aussi. Montez la garde faites un feu que nous puissions nous reposer.

Oui... tu as raison.

Elle descendit de cheval, el installa Ombrana dans la couverture. Avec un grand soins, elle la confia à Lena et alla rapidement chercher du bois et bientôt le feu crépita. Le cheval ferma les yeux et s'ébroua. Quelle journée...

Daidera veilla sur leurs sommeils toute la nuit.

Cela faisait quatre jours. Quatre jour qu'elle errait, qu'elle ne mangeait plus et buvais à peine, elle ne dormait plus, somnolait dans de douce rêverie la journée sur le dos de Lena. Au nord de Girk'An dans une zone rocheuse, elle trouva une grotte. Elle s'y traîne, portant le corps du mieux qu'elle pouvait. Dans une alcôve rocheuse au fond elle installa le corps, soigneusement déposé sur la couverture. Elle inspecta la grotte rapidement. Pas de signe de vie. Elle revint se poster près de l'entrée. Elle regarda le ciel un instant. Lena arriva du fond de la grotte. Elle était contente il y avait un lac souterrain au bout d'une galerie. Elle entraîna Daidera, la poussant sans ménagement vers le lac. Il était vaste et beau, irréel. Lena se pencha et observa son reflet, puis se tourna vers Daidera qui jetait des coups d'œil fréquent vers l'arrière.

Elle lui donna un coup de tête sur l'épaule et failli la faire tomber dans l'eau. Elle capta enfin un peu d'attention.

Regarde-toi, regarde-toi dans l'eau.

Daidera s'avança précautionneusement. Sa coiffure n'était qu'un vague souvenir, des mèches folles dansaient de façon désordonnée rapellant vaguement la coiffe sophistiquée qu'ils formaient. Ses traits anguleux s'étaient creusés, sa pâleur ressemblait à celle d'Ombrana. Le regard lui sembla vide de force, vide de volonté. Elle leva les yeux vers Lena qui la regardait avec tristesse.

Prends donc un bain, tu es couverte de poussière. Je vais veiller sur elle.

Te laisser mourir sur pied ne changera rien. Ce n'est pas ce qu'elle aurait voulu pour toi.

Elle disparu dans la galerie, Daidera serra les poings.

Je t'interdits de penser pour Elle !

La voix raisonna faiblement, puis le silence revint doucement. Elle enleva sa tunique son pantalon et se dévêtit totalement. Un à un les habits tombaient au sol. Elle fit un pas. L'eau était gelée. Un deuxième. Elle recula. Daidera a échoué, Daidera recule. Elle regarda encore son reflet dans l'eau troublée. Ce n'était plus elle. Personne n'aurait reconnu la loque qu'elle était. Elle faisait confiance à Lena. Elle avança alors plus résolument. Un sourire aux lèvres, elle regardait fixement droit devant elle. Soudain elle lui apparu ! Sa chevelure rousse se rependait dans l'eau, elle nageait à brassée énergique à une dizaine de mètre d'elle.

Vient l'eau est bonne !

Om.. Ombrana ! Attends-moi !

Elle se mit à courir, l'eau éclatait en gerbe furieuse autour d'elle, la freinant l'empêchant de la rejoindre. Elle plongea. Et commença à nager, ses forces l'abandonnèrent rapidement. Elle n'avait plus aucune énergie. Elle n'avait rien mangé depuis des jours. Ses mouvements perdirent de leurs coordinations, devinrent plus lent.

Attends-moi...

Ombrana se rapprocha, lui saisit la main et lui sourit. Elle l'enlaça. Ses pieds battaient encore faiblement pour la maintenir à la surface. Sa peau était gelée par l'eau du lac, mais c'était elle, son sourire, ses yeux, son corps.
Les pieds cessèrent de battre, doucement le corps coula. Elle ne s'en rendit pas compte, elle avait déjà sombré dans l'inconscience.

Tu ne me laisseras plus jamais, nous seront ensemble... à jamais.

Beaucoup de personne l'avait crainte, respectée, idolâtrée... il n'y avait eu qu'elle pour percer le mur et lui donner une vie. Elle avait été ce qu'ils voulaient qu'elle soit. Maintenant qu'ils lui avaient tout pris, elle avait décidé d'arrêter. Mais il ne lui restait rien d'autre, puisqu’ils la lui avaient enlevée.

Rien... à jamais.

Elle sourit. Ses lèvres s'entrouvrirent pour accueillir une bouchée d'eau fatale. Ombrana n'était pas loin, elle sentait sa présence. Il suffisait qu'elle fasse le pas.

Ce cauchemar serait bientôt terminé... à jamais.

C'est un monde d'ombre. Je suis dans un brouillard diffus. C'est ça être mort ? Il faut que je la cherche. Mon corps est léger, libéré, ce n'est plus un corps c'est un esprit pur. Il faut que je la trouve. Je me lève, je heure quelque chose. Du bois, j'inspecte autour de moi. C'est une forêt, de feuillu. Pas de trace de vie animale, un silence pesant. Le brouillard se lève peu à peu et enfin je distingue quelque chose. C'est bien une forêt. Reconstituée par mon esprit ou est-ce un lieu de rassemblement, un chemin à emprunter ? Il faut que je la trouve. J'ai avancé. J'ai guetté avec ma magie et ai trouvé sa trace. Je me suis dirigée dans sa direction. Je m’amusais à sauter souplement, disparaître entre les branches. J'aime la forêt. Et sa présence se fait de plus en plus forte. J'arrive à un ruisseau. Son eau est claire et bondissante. Sa piste vient de plus haut, je remonte le court de l'eau. Je me retourne, le brouillard se referme sur mes pas. C'est étrange, ce brouillard. J'écarte une branche et je débouche sur un lieu féérique. Un petit lac, au fond une cascade qui répand des gouttelettes partout et donne naissance à un arc-en-ciel.

Au pied de l'arc-en-ciel, le plus beau trésor du monde. Endormie sur un lit de mousses. Elle est vêtue d'une robe de perles qui étincellent doucement. Sa peau est très pâle, mais c'est elle. J'avance dans l'eau, elle n'est pas profonde j'en ai jusqu'aux genoux. J’arrive sur l'ilot et le lit de mousse. Je reste silencieuse. Je la contemple, rien n'a changé, partout où je vais elle est endormie et inerte. Un baiser ne change rien. Je m'allonge contre elle. Je vais fermer moi-aussi les yeux et m'endormir près d'elle. Enfin.

Réveille-toi !

Je sursaute, à quelque pas delà flotte une forme indistincte, elle. Mais son corps dort toujours. Je ne sais plus que faire. Est-ce sont esprit. Je me relève et avance vers elle. Quoique je fasse, elle ne me laisse pas m'approcher. Elle n'a pas de jambe, c'est un être éthéré, c'est son esprit.

Ne reste pas là ! Tu ne dois pas rester là ! Tu es vivante !

Non. Je ne veux pas vivre sans toi ! Je veux rester à tes côtés !

Si tu meurs je n'y serai pas ! Souviens-toi ! Ni morte, ni vivante ! C'est notre punition pour avoir tenté de tromper le destin !

Pars !

Je me sens me faire expulser violement, le brouillard retombe et sa voix raisonne encore en moi. Ni morte, ni vivante. Puisqu’elle n'est pas morte, je dois encore avoir de l'espoir en moi, je dois vivre et trouver un moyen de la sauver ! Maintenant il faut que je retrouve le chemin, j'espère qu'il n'était pas trop tard. Pas trop tard !

Elle a bien bu la tasse...

Vous avez réagi à temps.

J'aurais dû comprendre qu'elle ferait une bêtise.

Elle était nécessaire.

Mal à la tête.

Voyez, elle se réveille. Et Maintenant, elle va se battre. Vous la reconnaissez la flamme qui brille dans ses yeux.

Qui êtes vous…

J’ai plusieurs noms. A vous de m’en donner un.

Vous êtes la Dame. C’est ça.. je vous reconnais…

Daidera respirait avec difficulté et fut prise d’une toux désagréable. La dragonne blanche sourit à Lena.

Vous cachez votre véritable nature.

Autant que ton cheval qui n’en est pas un à proprement dit.

Elle émit un rire amusé.

Qui eut cru qu’un jour je rencontrerai une licorne. Et cette licorne n’a pas de corne, ni de sabot d’or. Elle est cachée. J’ai dû me cacher moi aussi dans un corps faible mais je vis.

Daidera se tourna pour regarder Ombrana. Elle était toujours étendue sur sa couche mais un halo blanc l’entourait. Devant son regard étonné, la dragonne lui expliqua qu’elle avait accompagné le sort de préservation du corps. Un sortilège draconique. Elle lui demanda si elle avait le pouvoir de faire plus mais la dragonne secoua la tête. Daidera se leva et alla prendre un sachet de fruit sec dans la sacoche de la selle qui était posée non loin. Lena ne souffla un mot, mais ses yeux brillaient de bonheur. Elle mangeait, elle allait donc se battre. Elle parla avec la dragonne longuement. Elle ne voulait pas défier le destin, mais elle pensait que justement le destin était de se battre pour la vie. Laisser faire au nom d’un destin est de la lâcheté. Et personne n’a jamais traité Daidera de lâche.

Elle regarda un instant la Dragonne.

Plusieurs nom... Je veux changer de nom. Donnez-moi un autre nom.

Aster, c’est une fleur lorsqu’elle est violette signifie mon cœur et mon corps sont à toi pour toujours.

Elle hocha de la tête, satisfaite.

Pour vous je serais Aster, m’aiderez-vous ?

Oui à condition que nous trouverions un nom de fleur pour chacune de nous également.

Ainsi Lena devint Célosie, symbole de fidélité et constance, immortalité. On hésita entre Hélianthe et Lin pour la dragonne l’un signifiant, méfiez-vous des apparences, l’autre, je suis sensible à votre gentillesse. Simplicité, gratitude. Hélianthe sonnait mieux.

Sur un cheval blanc éclatant, une cavalière se tiens, un dernier signe à une silhouette draconique assise devant une grotte qui agite la queue à son tour. Aster part en quête. La Dame entra dans la grotte. Elle serait Hélianthe la Gardienne et personne n’approchera.

Le Maître Mage Lame fut mécontent de ne pas trouver sa collègue. Il soupira et fixa l'assistante. Elle se tenait droite derrière le bureau, souriait poliment. Ses histoires n'étaient pas nettes. Vraiment pas. Il était de ces gens taciturne et inintéressant, un visage trop anguleux pour être beau. De ceux qui ne cherche pas à plaire mais plutôt à déplaire.

Je vais devoir faire avec vous c'est cela.

Edjo sursauta en entendant sa voix rugueuse claquer sèchement. Elle hocha humblement de la tête.

Oui, Sieur Sobek. Je suis au courant de chaque dossier. Je suis sous le Serment.

Bien. Au moins elle aura eu l'intelligence de faire les choses comme il le fallait. J'ai deux points à vous exposer.

Concernant le front. J’aimerais pouvoir disposer de la réserve nord.

Mais cela affaiblirait considérablement la défense de la ville. Nous ne pouvons envisager de sortir les réserves ainsi.

Mais les troupes à l'est on besoin de renfort. Sans eux je ne tiendrais pas le front longtemps et c'est une question de temps pour que la ville tombe.

A eux seul ils ne vous permettront pas de sauver ainsi votre front...

Il sourit alors.

Vous avez entendu parler des centaures ?

Puis son sourire se voila.

C'est là aussi que je veux en venir. Des rassemblements. Les éclaireurs d'Aki nous ont signalé un rassemblement de minotaure dans les plaines du sud.

Il nous viendrait en aide également ?

Le bruit court que cela serait l'œuvre des centaures.

Mais j'ai entendu un autre bruit... un bruit moins agréable.

Jusqu'ici, les hautes races ont été majoritaires et dominante. J'entant les races les plus humanoïdes. Regardez la population de nos villes. Les autres races sont une minorité ou alors sont utilisés. Les centaures se sont réfugié, les populations de minotaures également, des sauriens vivrait dans une montagne ainsi de suite.

En quoi cela nous concerne-t-il depuis des siècles la civilisation s'est axée sur cette domination ! Nos villes sont, enfin étaient prospères, le royaume productif !

Voyez votre réaction... ce que je pense, c'est que les temps vont changer. Mais c'est mon avis, nous aurons bien le temps de voir.

Ejdo le fixa. Il regardait dans le vague. Elle se sentait troublée.

J'ai entendu parler d'une religion qui serait plus importante qu'on le croirait...

Et une guerre est toujours un moment idéale pour une prise de pouvoir. Maintenant que je m'en aperçois, je sais que c'est trop tard. Et de toute manière je n'aurais pas envie de le changer. Je veux gagner cette guerre et tant pis si les conséquences ne plairont pas à tous.

Alors ma réserve ?

Plutôt que de prendre dans les réserves même de la ville, je suggère que nous déplacions la troupe de jade, quitte à rendre les campagnes encore moins sûre...

Je n'osais vous le demander...

Elle lui sourit.

C'est là que vous vouliez me mener j'en ai conscience. Me demander une chose impossible et inconcevable pour obtenir celle qui est pénible mais concevable...

Il éclata de rire alors et pris le document qu'Edjo venait de faire et tamponner.

Au moins, Cette chère Daidera à choisi une assistante très intelligente...

Je vous remercie.

Il était sur le pas de porte quand elle ajouta.

Vous êtes libre ce soir ?

Il la fixa, elle tritura une mèche de cheveux et minauda. Il lâcha.

Ce soir. Pourquoi pas. Mon bureau est à la caserne vous le trouverez je pense. Après je repars au front.

Il claqua la porte et Edjo se laissa tomber dans le fauteuil. Yeeeeesss. Elle prit quand même le pas d'écrire son rapport. Quelles étranges révélations et hypothèses. Elle pensa à sa Maîtresse. Puis une fois tout cela fait. Elle commença à réfléchir avec gourmandise à sa tenue.

Daidera revint une fois vers Edjo. Elle lui explica la situation en détail. Elle est la dragonne allaient partir vers une retraite plus sereine. Elle était méconnaissable.

On entendit plus parler d'elles.

La dragonne, la licorne et la puissante guerrière s'en furent loin, trop loin pour que les humains puissent les suivre.

Edjo fit parvenir une lettre au Maître Pyromencien pour l'avertir que sa recherche n'avait plus lieu d'être.